Les expulsés de Brazzaville, une vie de sans-abri chez soi!
Du mois d’avril au mois de juin, les villes de Kinshasa et Brazzaville ont vécu au rythme de « mbata ya bakolo » (la gifle des aînés), l’opération policière qui a vu plus de 350 000 Congolais de Kinshasa être expulsés de là.
A Kinshasa, le gouvernement et ses partenaires assurent avoir pris en charge ces derniers en leur facilitant un rapatriement sécurisé dans leur province d’origine.
Curieusement et contre toute attente, alors que nous étions de passage sur l’avenue Kabambare où se situe la maison communale de Kinshasa (commune portant le même nom que la ville de Kinshasa), où étaient placés les expulsés avant leur orientation dans les camps d’accueil, nous tombons sur ces images :
Il s’agit de plusieurs sceaux assemblés en ligne comme pour être vendus. Accrochés à leur sommet, des morceaux de carton sur lesquels est écrit : « LISUNGI » (aide). Nous demandons aux gens qui se trouvaient dans le même bus de quoi il s’agit. Ils nous disent: ce sont les sceaux des refoulés de Brazzaville qui mendient. C’était notre plus triste nouvelle de la journée!
Comme si cela ne suffisait pas, au fur et à mesure que le bus avançait, apparaissaient, en face de la maison communale, leurs tentes qui n’étaient que des sales draps couvrant 3 à 4 bâtons pour servir d’abris et des sacs plastiques en guise de toiture. Entassés dans des mini-logis à forme cubique de 1 à 2 mètres carrés, des familles entières y passent vie. Du père aux plus petits fils, en passant par les femmes et les jeunes filles. Tous y demeurent comme étant dans un abattoir humain et exposés à toutes les intempéries au vu et au su des autorités.
Des autorités qui avaient assuré avoir mis des moyens conséquents pour placer les refoulés dans des camps sécurisés et protégés. Curieusement ces personnes vivent sous leurs yeux et devant leur nez dans les conditions les plus inhumaines.
Attristé par cette rencontre, nous avons décidé d’y revenir pour s’informer de la situation concrètement.
La somme de 500 FC (Francs congolais) à la main droite, téléphone à la main gauche, nous sommes partis à leur rencontre. Arrivés sur le lieu, il nous a suffit de déposer cette médiocre somme 500 (0,5 €) dans un sceau pour voir une foule d’enfants courir vers nous, comme si nous étions les envoyés de Dieu pour apporter solution à leurs problème.
Heureux et souriant, un jeune homme de 18 ans, vêtu d’une chemise blanche sans bouton, culotte déchirée et cousue à la main, il nous parle de leur situation, en expliquant les raisons qui justifient leur présence en ce lieu apparenté à l’enfer.
« Le plus dur pour nous, ce n’est pas de souffrir, mais c’est de souffrir chez nous », nous dit-il.
« Être sans-abris chez soi est plus dur qu’être chassé de chez le voisin » rajoute-t-il, les larmes aux yeux. Larmes de joie pour avoir reçu le miraculeux unique 500 FC de la journée ou larmes de d’amertume et de peine! Qui sait !
Suivant ces propos, ils seraient là car ils n’ont pas de famille à Kinshasa pour les uns, où pas de famille tout court, pour d’autres. Ainsi, n’ayant pas où aller, ne reste que la rue qui ne refuse personne. Le gouvernement quant à lui, les laissent entre les mains de mère Nature et du père Sort, à la merci des intempéries et des dangers.
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