Je suis homophobe, moi non plus!
Le 26 juin 2015, la Cour Suprême des États-Unis d’Amérique a décidé de légaliser le mariage des couples homosexuels dans l’ensemble du pays ainsi, les États qui ne reconnaissaient pas jusqu’ici le mariage homosexuel devront non seulement accepter de marier les couples homosexuels, mais également reconnaître une union homosexuelle si elle a été célébrée dans un autre État. Liesse de joie pour les uns, ceux qui soutenaient les mariage gays, larmes d’échec pour d’autres, ceux qui étaient contre.
Le mariage homosexuel se classe parmi les sujets les plus sensibles dans le monde, tant aux États-Unis qu’ici en Afrique. Ici, parler de ce sujet reste tabou dans beaucoup de pays, le mien y compris, la République Démocratique du Congo. pire encore, la justice reste silencieuse à ce sujet.
Les dirigeants de mon pays, comme ceux de tant d’autres, restent sans décision concrète sur ce point. Ils ne condamnent, ni n’appuient. Ils font semblant de ne pas remarquer leur présence, celle de gays, pourtant ils sont bien présents. Ils semblent ne pas être au courant de ce dont ils sont informés, pourtant, une motion parlementaire faisant objet de cette question était soulevée depuis longtemps par un député, sans suite ! est-ce là, une peur des pressions extérieures ou une lâche politique pour éviter les sujets sensibles!
Si pour les américains et tant d’autres pays, être gays est un acte légal et normal aux yeux de la société, si les américains peuvent bien exhiber leur « Gaytude » (mot personnellement inventé pour décrire la gaypride et ainsi éviter l’excès d’anglicisme qui, en quelque sorte, pour nous, contribue à dissiper la richesse du français au détriment de l’anglais) à la vue des passants dans les rues et places publiques, Chez nous, par contre, être gays est synonyme de tuer « la culture africaine », déclarent ceux qui s’estiment garant de l’authenticité de la culture africaine léguée par nos pères. pourtant nous semblons ne pas savoir exactement ce qu’est cette culture que nous ont léguée nos ancêtres. Est-ce les guerres ! les violes ! les dictatures ! ou les corruptions! car ce sont là les « cultures » et pratiques qui font rage dans notre cher continent.
« nos pères ne nous ont pas appris ça ! nos pères ne nous ont pas laissé cette pratique comme modèle… Que les américains légalisent ça chez eux, c’est leur affaire mais, qu’ils ne nous inculquent pas ça. C’est cela le sens même de la liberté d’expression qu’ils prônent tant! ». dit Joseph, un kinois que nous avons questionné à ce sujet. D’autres, comme Hélène, une habitante du quartier « UPN » dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa, estime quant à elle, qu’ « il faut lutter contre l’homosexualité mais pas contre les homosexuels ». Elle enrichit son idée en disant que pour elle, « ils sont humains (les gays) et ont droit à la liberté comme tous les autres humains ». les arguments diffèrent d’une personne à l’autre…
En attendant que les dirigeants de mon pays ne soient forcés ou pas de se prononcer, ouvertement sur la position de la nation concernant la situation de gays, ces derniers, en mode « caché», proclament leur « Gaytude » dans des bars et boîtes de nuit où leur présence est tolérée par les hétérosexuels et sur Internet où ils sentent plus libres. Quelques unes (les lesbiennes) se retrouvent sur la page Facebook « les lesbiennes class de Kinshasa », où elles échangent leurs numéros de téléphone, postent des photos et partagent leurs pensées intimes, pourvu qu’elles s’expriment…
En parlant de l’expression, certains diront: « beurk ! il est fou pour oser parler de ça !», d’autres diront : « génial, c’est courageux d’oser en parler !». toute fois, Quoi qu’il en soit, quoi qu’on en dise, je suis homophobe, moi non plus !
Commentaires