A Kinshasa, la haine contre les Rwandais

Article : A Kinshasa, la haine contre les Rwandais
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2 août 2016

A Kinshasa, la haine contre les Rwandais

« Muswahili, rwandais moko boye ! » (swahiliphone, espèce de Rwandais) lance un jeune homme à un étudiant nouvellement inscrit à l’université. A cause de la xénophobie, les Rwandais installés au Congo vivent sous pression.



Une vie sous pseudo

Evoluant dans un milieu multiculturel, je suis triste d’apprendre que certains amis d’origine rwandaise sont obligés de changer de nom pour vivre à l’aise au Congo. De taille élancée, aux apparences de Stromae, Greg Ilunga est un jeune Congolais d’origine rwandaise. Pour ne pas se faire harceler, il se sent obligé de changer de nom car, dit-il, son « vrai nom a des connotations rwandaises ». « Je me sens pourtant plus Congolais que Rwandais, car je vis ici malgré mon origine. Mais j’ai parfois l’impression d’être un étranger chez moi. Espérons que cela changera un jour », soupire le jeune Greg. Malheureusement, Greg n’est pas le seul à supporter des telles pressions. Nous autres, les Congolais originaires de l’est, du sud-est et ceux qui par malheur se sont vus attribuer par mère nature une morphologie aux apparences Tutsi ou Hutu, subissons parfois ces blagues déplacées et de mauvaise haleine. « Tu es Rwandais ?», « Tu ressembles aux Rwandais ». Oui, je ressemble aux Rwandais et alors ?

Pendant ce temps de l’autre coté…

Pendant que nous passons notre temps à nourrir une haine déplacée et sans fondement, nos chers frères et voisins rwandais, eux, construisent leur pays et nous y reçoivent avec amour. Comment oublier ce chauffeur de taxi à Kigali qui me chantait la musique de Papa Wemba au volant, si fièrement, comme s’il s’agissait de son propre frère ! Comment ne pas me souvenir de cet habitant de Kigali rencontré à l’aéroport qui me dit : « quand l’équipe de la RDC joue au foot, nous sommes tous derrière vous, comme s’il s’agissait de nous-mêmes… quand vous marquez un but, nous sautons de joie et quand vous gagnez, ici, nous faisons la fête ».

Comme vous pouvez le voir, malgré les sombres récits que peut nous rapporter l’histoire, nous avons toujours le choix entre aimer et haïr ; entre accepter nos différences, vivre ensemble, progresser ou entre-tuer sans cause ni raison. Après tout, « Congolese and Rwandan are one people », comme le disait si bien Pascaline Nyagahene.

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