Un discours tant attendu…

Article : Un discours tant attendu…
Crédit:
20 octobre 2016

Un discours tant attendu…

« Dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri ». Cette courte expression, nous la retrouvons dans la bible, le livre des chrétiens. Si pour l’homme qui l’a prononcé, il suffisait d’une seule phrase de Jésus pour que son serviteur soit guéri, pour le Congo, mon pays, il suffit aussi d’une seule et unique phrase pour que notre démocratie soit aussi sauvée.

Concertations Nationales, Gouvernement d’union nationale les années précédentes et aujourd’hui, dialogue national « exclusif »…désolé, Inclusif, voulais-je dire. Allant d’accords en accords depuis un certain nombre d’années, je trouve qu’en réalité, les gens entre les mains de qui nous avons remis le destin de notre nation, et ce, peu importe leur couleur politique, ne cessent de nous produire des fâcheries, laissant ainsi la misère du congolais continuer son vide parcours. Caricaturant les valeurs démocratiques qui nous régissent.
Ah ! Il est donc question d’un discours. Ok ! Revenons sur la mystérieuse phrase tant attendue… juste un jour après les malheureux événements des 19 et 20 septembre, les yeux braqués sur la RTNC, nous sommes de milliers à attendre « un message très important de la présidence de la République à la nation ». Depuis le matin, sur bande défilante, la chaîne nationale ne cesse de nous hanter la mémoire en faisant passer en boucle l’annonce qui interviendra vers 19h30.
Quelques bouteilles de bière remplissent la table, concoctant un écran géant pour la circonstance, nous sommes réunis, à l’abri des curieux, du haut du balcon d’une terrasse à la Gombe, entre amis tolérants pour vivre le fameux message « très important » de la présidence à la nation. En attendant de suivre le match de foot du FC Barcelone. A ma gauche, mon ami pro opposition, assis tout juste près de celui de la majorité au pouvoir. Ensemble, nous lisons la bande passante de la RTNC qui devient presque ennuyante. L’impatience nous surchauffe les esprits. Heureusement quelques boissons fraîches sont bien présentes pour calmer les tensions.
« Sûrement, il va annoncer son départ à la fin de son mandat… je crois qu’il est revenu à la raison. Il a enfin compris qu’il peut utiliser sa jeunesse à un autre service utile au pays… J’admire ça sagesse», dit l’ami pro opposition. Du coup, un autre crie : « Tu peux continuer de rêver… qui va quitter le pouvoir si jeune ?… Ce n’est pas congolais ça… », « Attendons le message, tu verras », rajoute-t-il. Vous devinez de qui il s’agit, je crois.
Pendant ce temps, il est 19 heures,  sur la RTNC, c’est l’heure du journal, la présentatrice confirme le message : « dans quelques minutes, nous vous présenterons un message très important de la présidence de la république à toute la nation ». Ah bon ! Dis-je aux autres, ça devient sérieux. Les tensions montent, finalement, nous nous sommes tous mis d’accord qu’il s’agit sûrement du fameux discours tant attendu de notre cher silencieux président qui, les rares fois qu’il s’affiche en publique, sont toutes sujets à polémique. Prenant une gorgée de ma fraîche boisson dont je tairai le nom, « enfin il va se prononcer sur son départ. Il cède à la pression», dis-je aux autres. De leur côté, ils trinquent de joie et commandent déjà deux autres bières. « Indépendance Tshatsha, to zuwi oh » chante à ma gauche celui qui est pro opposition. « Mon œil ! Tu peux continuer ton rêve » rétorque silencieusement, l’autre d’à côté. Ce qui est bien avec nous, malgré nos différences d’opinions, on ne s’entre-tire des mots mais pas à coup des balles. Nous sommes plutôt bavards et moqueurs, mais moins violents, plutôt tolérants.
Plus les minutes avancent, plus la pression augmente, plus le visage de la journaliste devient insupportable. Il est 19h25, finalement elle laisse la place au fameux message.
A première vue, on est étonné de ne pas voir le Président en personne parler mais un journaliste de la présidence, celui-là même qui annonce tous les massages à caractère officiels : les nominations, les remaniements… « alors pourquoi pas une démission », dit mon ami opposant. Il commence sa lecture. Mot après mot, nous suivons attentivement, à la lettre, les mouvements de ses lèvres… Il condamne les violences qui se sont déroulées le 19 et le 20, au nom du président (pourquoi lui-même ne l’a pas fait ? on ne sait). Il demande à la justice de poursuivre les responsables… et enfin, alors que nous sommes tous déjà pris comme envoûtés par le vif son de sa voix. Le journaliste, chute en faisant une présentation, à toute la nation, des «  condoléances » venant du président, pour les morts enregistrés. Il replie ses papiers, regarde la caméra et dit : « je vous remercie »!
« Oh la honte ! La honte ! Ils se sont, une fois de plus, moqués de nous », crie mon cher opposant, en renversant sa bière par terre. « Zappe moi ça ! S’il te plait, change ça !», me dit-il, presque en larmes (de rire ou de pleure, je ne sais)… curieusement, même celui qui est pro gouvernement semble silencieux… Que quel que soit la position politique, nous nous sommes tous faits dupés par la RTNC, une fois encore.
Enfin, la fameuse phrase, le fameux discours tant attendu ne sera jamais entendu, encore moins prononcé… le souhait de voir pour la première fois au Congo, une passation de pouvoir pacifique, continue d’être un rêve cauchemardesque. Un rêve repoussé, il y a peu, en 2018.
Pour se consoler de tout ça, nous zappons finalement. Direction Espagne pour suivre un match de foot du FC Barcelonne. Malheureusement, là encore c’est une autre catastrophe, le Barça a perdu… finalement, c’est une soirée d’enfer… je vous épargne la suite…. Quant à la fameuse phrase, on continue à l’attendre… dans l’espoir qu’elle viendra même le 19 décembre de cette année.

Partagez

Commentaires