Kinshasa : affaire fosse commune. Et si c’était ailleurs ?

15 avril 2015

Kinshasa : affaire fosse commune. Et si c’était ailleurs ?

Enterrés depuis le 19 mars, on a découvert une fosse commune de 421 personnes, quatre-cent-vingt-et-un Congolais enterrés à Maluku  à plus de 100 km de la capitale. Dans l’attente d’une suite judiciaire qui s’avère être à la congolaise, tout le monde, dans la classe politique et sociale, s’amuse à tirer la couverture de son côté et/ou expliquer les causes à sa manière. D‘une part les opposants accusent les gouvernants d’y être pour quelque chose, de l’autre, les gouvernants disent vouloir laisser la justice faire son travail, car il s’agirait, selon eux, d’un enterrement des corps abandonnés. Somme toute, tout évolue au rythme congolais des affaires.

Cependant,  qu’en serait il, si cette scène c’était passé ailleurs, si c’était dans une autre pays africain ou si c’était hors du continent noir (même si je n’apprécie pas trop cette expression « Continent noir ») ? Dans ce billet, j’essaied’imaginer la scène dans un autre pays qu’au Congo.

Si c’était en France, il y aurait sûrement eu des démissions de ministres  pour raison de dignité question de préserver l’image du gouvernement. Car làs-ba on démisionne même pour une affaire de déclaration du patrimoine acquis à la sueur de son front. Dignité oblige!. Il y aurait sûrement eu des hashtag comme, #JeSuisAussiEnterre, #JeSuisAussiMort, #NousTuezPas ou #TuePasTonPeuple sur tous les réseaux sociaux. Finalement, si c’était en france, Le président se serait rendu en vitesse sur le lieu, question de s’en rendre compte de ses propres yeux.

Si c’était aux USA, la population manifesterait contre des tels actes, comme tel était le cas avec l’asssasinat de Walter Scott par un policier blanc à Charleston.

Si c’était au Burkina-faso, les familles de victimes demanderaient l’exhumation des corps jusqu’à obtenir gain de cause, comme l’a si bien fait l’inlassable famille de Thomas Sankara, qui, aujourd’hui peut estimer avoir remporté une partie de son combat.

Finalement, si c’était Nigeria ou au Sénégal, il y en a qui aurait par là,  compris le bien fait de n’avoir pas brigué de mandat hors constitution (question d’éviter les ennuis) pour l’un ou qui aurait accéléré  les demarches pour réduire leur mandat d’une année de plus, pour l’autre.

Malheursement ou heureusement (tout dépend de l’oeil avec lequel vous lisez ce billet. L’oeil de la gauche ou l’oeil de la droite!) c’est en RDC, ici, tout laisse à croire que découvrir une fosse commune de 421 personnes, s’il vous plaît! N’est pas une chose si grave que ça en donnerait l’impression ailleurs! Comme si on accepterait qu’un membre de sa famille y soit aussi ajouté. Est-ce parce qu’ici nous sommes habitués à vivre pire que ça! 6,9 millions des morts  et plus de 30 000 femmes violées et mutilées suites aux différentes dernières guerres. On se croirait bien en enfer! Et pourtant nous sommes belle et bien dans l’un de pays « paradis » que possède la terre.

En fin, Si c’était ailleurs qu’au Congo, on organiserait pas une journée porte-ouverte à la morgue de l’Hôpital Général de Kinshasa, à Gombe, alors que les fameux morts de la fosse commune sont à plus de 100 km de là, à Maluku.

Crime ou mort normal, quoi qu’il en soit, ces morts ont encore beaucoup à dire, ils ont encore de discours à tenir, des langues à bouger. Espérons, seulement, que la justice réussira à les ouvrir la bouche, sans emprunter, pour les faire parler, ni la voix de droite, ni celle de gauche.

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